L’animateur multimédia est-il ou peut-il encore être un éducateur ?
Aujourd’hui s’est déroulée la 2° rencontre régionale des EPN de Rhône-alpes que nous avons organisée avec les collègues de différents réseaux d’acteurs des TIC de la région.
Pour ma part je suis content de cette journée qui s’est déroulée dans la convivialité, mais qui a surtout réunie environ 70 animateurs et responsables de projet ou de structure.
Juste une petite aparté pour « savourer » aussi cette réussite au regard de l’absence de soutien ou de participation de la Région pour qui soutenir une politique de l’accès public semble difficile voir insurmontable… C’est donc tout seul et comme des grands avec « la complicité généreuse » de la municipalité de ST Quentin Fallavier que nous avons organisé notre journée.
Pour revenir à mon propos, lors de cette journée nous avons eu un temps d’échange autour du thème : Comment accompagner les parents (et enfants) face à des situations éducatives inédites liées à l’apparition des nouveaux usages sociaux des TIC !
Le thème parait « évident » pour qui a été nourri dans le giron de l’éducation populaire, tout en étant conscient que les réponses restent à co-construire et à expérimenter.
Grâce aux interventions des uns et des autres nous sommes partis explorer les difficultés et les méandres du parcours éducatif « idéal » qui permettrait à l’animateur multimédia et aux TIC(E) d’y trouver leur place en harmonie avec leur environnement…
Mais ces échanges m’ont inspiré une réflexion à chaud.
Quand on connait la diversité des structures qui portent les EPN ( Centre sociaux, cyberbases, MJC, collectivité), je suis toujours surpris du manque de « coloration » des approches et des projets qui ressort des échanges avec les équipes de ces EPN.
J’ai trouvé ça encore plus flagrant ce matin parce que nous parlions d’éducation, de parentalité et que pour ma part, c’est un domaine dans lequel les convictions et les partis pris sont la matière première pour donner du sens à ce que l’on fait.
C’est encore cette fameuse question de la neutralité des outils et du « manque » de hauteur pour en appréhender les enjeux qui semblent poser encore question pour que chacun puisse se positionner dans son rôle formateur et/ou éducatif.
De quel positionnement s’agit-il ? J’ai l’habitude de dire qu’il existe 2 catégories de projet éducatif (politique et autres)
- Ceux qui visent à permettre aux individus de trouver une place dans la société telle qu’elle est
- Ceux qui visent à permettre aux individus de comprendre la société la faire évoluer et y prendre leur place.
A partir de là on voit bien que le choix de l’une ou l’autre des options a forcément des incidences sur les approches et donc les projets qui vont être développés dans les EPN, rendant « impossible » un semblant d’uniformité des modes d’interventions et surtout du sens dont ils sont porteurs pour les publics des uns et des autres.
La seule configuration qui pourrait expliquer ce manque de positionnement c’est lorsque l’outil prend le pas sur le contenu et que les projets pédagogiques ou didactiques restent simplement centrés sur l’apprentissage des outils.
Donc une piste abordée ce matin confirme que pour que les animateurs puissent sereinement accompagner des parents dans leurs questionnements et leurs craintes vis à vis de leurs enfants et des outils TIC qu’ils utilisent.
Il parait alors nécessaire de les former et informer sur les pratiques réelles de leurs publics et des enjeux de société qui en découlent ou en dépendent.
Donc à la question : L’animateur multimédia est-il ou peut-il encore être un éducateur ? je répondrai non pour 2 raisons:
- Non, l’animateur multimédia n’est pas un éducateur s’il ne prend pas de hauteur et de recul par rapport à ses missions et son rôle afin de pouvoir leur donner un sens vis à vis du projet global de la structure qui porte son EPN.
La question annexe étant a-t-il la légitimité et la compétence pour intervenir dans ce champs spécifique de l’accompagnement éducatif ? - Non il ne peut plus être éducateur tout seul dans son coin, mais il peut être ressource pour accompagner une démarche éducative de territoire en lien avec différents partenaires en ayant effectivement une longueur d’avance et une spécificité liées à la maîtrise et à une prise en compte transversale des TIC.
Etre un technicien de l’éducation (et donc du travail social) ça peut interroger sur la forme, mais un technico-technicien des TIC qui fait de l’éducatif ça n’interroge pas à mon sens, ça alerte sur le fond !
Voila c’est du brut que j’espère compréhensible…
A débattre, ce n’est que mon humble avis !
Bonjour Maurice,
Je vois qu’entre militants de l’éducation populaire nous sommes sur les mêmes constats.
Il n’ y pas de cadre strict à ce blog, mais ayant la chance de pouvoir continuer mon parcours d’animateur socio-éducatif dans une structure utilisant l’outil du 21° siècle, j’essaie de ne pas perdre le sens mon action en faisant en sorte de tisser des passerelles entre ce monde du multimédia que l’on veut cantoner à l’approche de l’outil et le monde des animateurs socio-culturel qui ne voit ça , dans le meilleur des cas, comme un simple support d’activité (Je fais rapide…)
Sachant que ces 2 mondes ont en commun de ne pas avoir encore saisi n’ont pas encore tout à fait compris tous les enjeux :
– éducatifs et « politiques » liés aux usages sociaux et citoyens des TIC(E)
– de l’éducation aux médias.
Cette alerte sur le statut de l’animateur multimédia me paraît tout à fait pertinente. En tant que militant de l’éducation populaire, je me permets d’ajouter (même si l’on sort du cadre strict de ce blog) que le mot « multimédia » peut être remplacé par « dance », « musique », « sportif », … Dans nos structures où l’appel à des « spécialistes » devient à la fois une nécessité, dans le cadre de l’approche sérieuse d’une technique mais aussi une façon bien commode de répondre à des demandes du public, la vigilance permanente me paraît indispensable pour ne pas renier notre projet de départ : permettre à des individus, par le biais d’une activité, d’agir sur le monde dans lequel ils vivent .