Le logiciel libre pour tous : vers un projet éducatif co-construit ! (3)
Pour continuer le cheminement de ma réflexion commencée dans les billets précédents (1 et 2) , je voudrais en venir à des propositions car « la critique est aisée et l’art est difficile (Destouches) » comme dirait…
Ceci étant, au regard des réactions (on et off) qu’a suscité mon dernier billet, il me semble important d’apporter quelques éléments de compréhension sur la place dont je parle et de l’environnement dans lequel je gravite professionnellement.
Ce sera l’occasion pet-être pour certains de découvrir la réalité de ce que sont les Espaces publics Multimédias et de faire tomber quelques représentations sur leurs moyens et leur rôle
Les Espaces Publics Multimédia
Ces points d’accès à Internet, comme certains les appellent, sont polymorphes et polyvalents.
Ils sont hébergés et portés par de structures aussi différentes que des MJC, Centres Sociaux, PIJ, Municipalités, Associations, ou par un réseau institutionnel comme les Cyberbases.
Trés nombreux sont ceux qui tournent avec une équipe trés restreinte (1 ou 2 personnes).
Ils sont équipés de 1 à 30 ordinateurs (environ!)
Dans de nombreux cas les animateurs se débrouillent tout seul dans leur coin en absence de projet clair concernant leur structure. Il est animateur, technicien, webmaster,…
Dans leur très grande majorité ces structures accueillent des particuliers et des groupes en accés libre ou en activités collectives. Beaucoup travaillent avec des enfants, des jeunes et des retraités toute l’année.
En Rhône-Alpes la DUI (Délégation aux usages d’Internet) recense officiellement 465 points d’accés publics à internet.
124 sont dans le département du Rhône et 113 sont répertoriés sur l’agglomération lyonnaise.
Certains accueillent plus de 500 ou 600 personnes différentes par an.
Avec un calcul rapide et une hypothèse (très) basse, sur l’agglo lyonnaise, ce sont au bas mots 40 000 personnes/an qui passent « dans les mains » des animateurs.
Ces quelques raccourcis pris pour en venir à quoi?
Sur l’utilisation aux logiciels libres par ces structures. Hormis quelques exceptions qui affichent une volonté politique d’utiliser et de promouvoir les LL , la plus part du temps ce sont les animateurs qui, à titre personnel, initient et poussent à l’utilisation des outils libres. C’est leur contribution.
Ceci étant, tout comme moi, ils ne sont ni spécialistes, ni techniciens, encore moins développeurs, et n’ont donc pas ni les compétences, ni le réseau et ni de temps dégagé sur leur temps de travail pour contribuer autrement à la communauté du libre que par l’utilisation qu’ils en font au quotidien avec leur public.
La « communauté des EPM » essaie de trouver ses outils à l’image de CRéATIF qui a publié son guide à destination des animateurs, responsables et élus locaux « comprendre, utiliser et promouvoir les logiciels libres dans les espaces de publics« .
Ce genre d’outil conjugué aux initiatives que peuvent avoir les réseaux d’EPM, comme celui de la Région Lyonnaise ou celui de la Loire, autour du LL permettent aux animateurs qui le souhaitent de trouver leurs propres ressources.
Mais lorsque l’on aborde la question de l’accessibilité du LL pour le grand public, ces réseaux trouvent leurs limites en terme de compétences et de contacts avec les réseaux actifs du monde du libre pour faire évoluer les choses.
Dans toute organisation à chacun sa place avec ses compétences pour faire avancer le projet:
– Les animateurs tiennent la leur en première ligne avec leur public
– Les associations d’utilisateurs de LL n’ont apparemment pas toutes complètement tranché en leur sein, prises entre le club fermé de passionnés, et l’association pouvant faciliter et soutenir localement la promotion du LL (si choix il y a à faire!)
Donc qui s’y colle ?
Vers un projet éducatif co-construit !
Pour terminer, je dirai qu’il ne s’agit pas de rechercher des responsabilités, mais d’essayer d’imaginer collectivement des collaborations qui n’existent peut-être pas encore.
Avec un potentiel de 40 000 personnes et plus il me semble que cela vaut le coup que « tous » les acteurs du LL tendent l’oreille aux constats que j’ai pu faire dans mes précédents billets.
Evitons la tarte à la crème du style « la communauté c’est vous alors vous n’avez qu’à faire « ….
L’enjeu est avant tout d’ordre « éducatif » envers une population qui ignore les enjeux voir l’existence d’une alternative libre aux discours dominants…
Il y a donc un véritable projet éducatif d’ampleur avec ses objectifs et ses stratégies à construire.
Ainsi à partir de constats communs, chacun y trouvera sa place avec ses compétences propres et nous pourront alors interpeller qui de droits suivant les besoins.
Ces questions ne se régleront ici, mais autour d’une table et pourquoi pas dans le cadre des JDLL 2007 pour ce qui est de la région Lyonnaise…
L’appel est lancé!
Tout à fait d’accord…
Réfléchissons ensemble et apportons des solutions à nos publics…
Je penses en revanche que tout ne se règlera pas comme ça en une petite rencontre… Essayons sérieusement de travailler sur du long terme…