Quand l’éducation ne sera plus qu’un vieux souvenir du temps où l’on avait encore quelques libertés….
Si l’on considère (comme les Francas) que « l’éducation, c’est l’ensemble des influences d’origines et de natures diverses qui s’exercent volontairement ou non sur l’individu ou que l’individu exerce sur l’environnement, et qui, en se conjuguant, contribuent au développement de sa personne » il est plus que jamais d’actualité que les acteurs socio-éducatifs s’interrogent et ouvrent les yeux sur les effets induits par les sources d’influence majeures que sont les médias et les usages « non-accompagnés » des technologies.
Une fois de plus le champ de l’action éducative est confronté à son paradoxe : avoir saucissonné en domaines d’expertises un champ par essence transversal dans lequel chacun a sa place et sa mission.
A côtoyer les acteurs socio-éducatifs pour les sensibiliser ou les former, l’on s’aperçoit vite du désarroi et de l’incompréhension qui règnent face à « ce séisme » que représente pour eux l’arrivée massive des médias et des technologies dans le quotidien de leurs publics jeunes et enfants.
On repère également ce vieux réflexe qui consiste à chercher le spécialiste qui prendra ces questions en charge pour ne pas perturber les pratiques habituelles des uns et des autres. Mais là pas de chance, car à ce jour personne n’a levé le doigt en disant ‘je prend ! ».
Donc aujourd’hui ce grand vide éducatif qui règne, commence à céder le pas à un cadre législatif qui essaie de limiter les dégâts en statuant sur des savoirs-être et des partis pris relevant de choix éducatifs.
Sur cette thématique je vous invite à la lecture de ce billet de Bruno Devauchelle qui sonne comme un coup de tocsin pour réveiller et fédérer la communauté éducative, c’est à dire la communauté des adultes ! (Ce billet est mis par son auteur sous licence CréativeCommon by-nc-sa)
Quand va-t-on enfin éduquer nos enfants ?
Quel que soit l’environnement des humains au travers des âges, et plus particulièrement celui marqué par les TIC, la question est d’abord d’éduquer !!! Mais pour éduquer il faut savoir, et il faut aussi prendre des risques. Savoir c’est accéder à l’information honnête de la part de ceux qui en ont le pouvoir. Prendre des risques, c’est accepter l’inconnu, l’inattendu et en assumer les conséquences. Malheureusement quelques récentes évolutions des mentalités adultes nous montrent que ni l’un ni l’autre ne sont considéré comme des valeurs éducatives, mais plutôt comme des repères de contrôle.
Ainsi il vaut mieux que les jeunes n’aient pas accès aux savoirs directement, cela trouble l’apprentissage, disent certains. Mais cela trouble surtout le pouvoir de ceux qui sont légitimés par ce savoir. C’est à cause de ces craintes que d’aucun repoussent de plus en plus les TIC dans le monde scolaire.
De même, le principe de précaution, qui mériterait un autre débat que médiatique, tant il est un objet mythique dont la pratique individuelle est loin d’être acquise, est en opposition à la notion de risque. Parce que derrière précaution, il y a peur de la responsabilité, peur d’assumer les conséquences des actes que l’on commet, en écho à cette nouvelle forme de la société du spectacle : « le procès en culpabilité ».
Quels irresponsables sommes nous donc, nous qui avons laissé venir Internet, les téléphones portables, voire même les avons encouragés et qui sommes les premier à demander leur interdiction dans les collèges…. et les écoles.
Quels inconséquents sommes nous de cloisonner des mondes par des règles qui ne s’appliquent pas au monde voisin, sans s’apercevoir que le problème est que les jeunes vivent en même temps dans tous ces mondes. L’école sanctuaire revient au gout du jour !!!
Si je donne un téléphone portable à mon enfant, et qu’ensuite je demande des règles pour que celui-ci ne lui porte pas préjudice alors je suis irresponsable sur un plan éducatif. L’on pourrait ainsi établir une liste impressionnante de ces attitudes paradoxales en éducation.
Car il se pourrait bien que ce soit simplement notre capacité à éduquer qui soit en train de disparaître. Cette hypothèse émerge progressivement dans notre environnement dès lors que l’on écoute un tant soit peu nos congénères. Dans le monde enseignants les choses sont encore plus impressionnantes, tant la schizophrénie guette et tant le grand écart entre ce que je dis et ce que je vis peut prendre une dimension importante.
Revenir aux fondamentaux éducatif ce n’est pas revenir aux façons de faire d’antan. C’est reprendre à son compte d’adulte la « Responsabilité » d’éducation. L’impression qui prévaut actuellement est que l’on est en train de dissoudre la responsabilité éducative et les actions qui en dérivent dans la mise en place de cadres protecteurs que l’on érige autour de soi (ou que l’on demande à nos états). Sans pour autant faire l’éloge de l’individualisme dont on connaît les dangers, ni tomber dans la tentation de l’étatisme dont on a longtemps observer les obscurs desseins, il est nécessaire que les adultes, face à des évènements comme la diffusion des TIC dans la société, s’interrogent sur ce que signifie éduquer dans un tel contexte.
Si l’on n’y prend garde, les machines finiront par éduquer toutes seules nos enfants, les juges seront alors devenus des robots distributeurs de punition et les enseignants des machines à contrôler le savoir… Quant à l’éducation, elle ne sera plus qu’un vieux souvenir du temps ou on avait encore quelques libertés….
A débattre, au moment où l’on est tenté d’interdire avant d’insister pour éduquer …
Le billet original : http://www.brunodevauchelle.com/blog/?p=476