A propos d’une neutralité éducative bienveillante des EPN
Je vous invite tout d’abord, à redécouvrir ce billet de Jean Luc Raymond dans lequel il partage ses réflexions autour des évolutions possibles et nécessaires du rôle « social » des EPN: EPN d’aujourd’hui et de demain.
La conclusion du billet est la suivante:
« Ce qui se fait dans les EPN ne peut plus se limiter à l’appropriation des logiciels, c’est désormais la notion de projets qui fait sens d’où l’importance de partenariats menés localement avec des services communaux, des organismes consulaires, des asbl (associations), des commerçants, artisans, professions libérales et entreprises. Au coeur de cet écosystème local, des compétences humaines se voient renforcer : l’accueil, la médiation, l’animation de réseau et la communication. Il reste également à mieux saisir les nouvelles formes d’organisation citoyennes mobilisées sur Internet. Tous ces aspects sont liés et s’influent les uns les autres.
De ces quelques enjeux, dans ce monde de l’instant en reconfiguration, dépend sans doute l’avenir immédiat et à moyen terme des Espaces Publics Numériques. »
Constats et perspectives que je ne peux qu’approuver car ils correspondent positionnement du projet de ma structure (la M@ison).
En complément à ce que dit Jean- Luc, je me permettrais de mettre l’accent sur les conséquences, ou en tout cas, les implications qui peuvent découler, à mon sens, d’une telle démarche d’inscription dans des projets « sociaux »…
Au-delà de la simple technique de formulation d’objectifs, c’est véritablement la question du sens voir du sens existentiel qui peut se poser.
S’inscrire dans une démarche de projet nécessite, pour ce genre de structure, de se positionner face à 2 principales interrogations qui sont, à mon sens, incontournables, surement dérangeantes mais tout à fait structurantes.
Loin de moi, de vouloir généraliser des situations, mais une des richesses du travail en réseau est de pouvoir croiser des hommes, des projets et de pouvoir en tirer quelques pistes de réflexions.
Les EPN ont-ils une âme?
Au regard de la diversité des structures qui portent des « espaces multimédia », l’on pourrait s’attendre à ce qu’un EPN dans une médiathèque n’ait pas le même projet que celui implanté dans un centre social ou dans un label cyberbase , en écho et en déclinaison aux projets cadre (politique, éducatif) différents dans chaque structure…
Mais il en va tout autrement ! En effet dans beaucoup trop de structures l’animateur multimédia fabrique lui-même le sens qu’il veut donner à ce qui est souvent considéré comme une activité et non une mission (d’intérêt général) transversale à l’ensemble du projet de la structure.
Bienveillante pourquoi ? Si l’activité est tolérée, elle est sujette à caution et représentations car il ne s’agit simplement que « d’apprendre l’ordinateur » avec une machine qui semble assez magique pour faire oublier sa véritable nature : « un outil » en recherche de sens …
La question est bien celle de l’intégration des enjeux des TIC dans les projets de structures afin que la fameuse « salle multimédia » soit bien un outil transversal au service des différents domaines d’activités déclinés dans le projet institutionnel.
L’animateur passe alors du statut de spécialiste de l’outil à celui d’animateur ressource, ayant une longueur d’avance sur les usages de l’outil, pour imaginer la plus value et les complémentarités dans les projets que peuvent mettre en place les différents secteurs (enfance, adultes, retraités,….) d’un centre social par exemple…
Cette évolution est impérativement nécessaire car le critère de rentabilité économique aura vite raison de cette activité souvent considérée comme « secondaire » dans des structures de plus en plus en insécurité dans leur mode de financement précarisé par des politiques contractuelles à cours terme…
Mais les animateurs en place ont-ils la légitimité et le pouvoir de faire bouger face au résistances dans les différentes structures…C’est ici à mon avis qu’est la place des réseaux avec le soutien de ses pairs !
Y a-t-il une vie autour des EPN ?
La plupart des EPN sont considérés comme des structures informatique de proximité que l’on va interpeller lorsque il y a besoin de spécialistes de l’outil.
Un des enjeux est bien celui de se faire reconnaitre comme un partenaire incontournable non pas de la chose informatique mais comme acteur du territoire !
Au-delà de la question de ses propres adhérents et usagers, c’est bien de la place de la structure dans son quartier dans sa ville dont il est question.
Pour moi le questionnement est similaire à celui du projet interne :
- Quelle est la plus value que peut apporter la présence de ma structure sur ce quartier à ses habitants, au delà du simple accès à l’outil bien sûr ?
- Quelles complémentarités de missions et d’interventions avec les autres acteurs au delà de la ressources « techniques » bien sûr ?
Nous parlons bien de la nécessité d’inscrire l’activité de ces structures dans un projet politique et/ou éducatif local de proximité.
Pour arriver sereinement avec ses ambitions éducatives et citoyennes dans ce genre de projets ou dispositifs , il est clair qu’une réflexion sur la prise en compte des TIC dans le projet institutionnel est indispensable en terme d’accompagnement.
Le soutient institutionnel pour pouvoir se positionner à l’extérieur de sa structure : un minimum me direz-vous, mais malheureusement absent du quotidien de beaucoup trop d’animateurs multimédia !
D’accord, pas d’accord, débattons-en !
1 réponse
[…] lors de nos interventions il n’est pas rare que les animateurs des EPN nous renvois vers la neutralité, vers leur action “apolitique”. Nous rétorquons qu’il ne peut y avoir de […]