Pour que l’on puisse parler de e-démocratie, il faut qu’il y ait déjà de la démocratie !
Hier j’ai passé ma journée aux Interconnectés 2007 (dans le cadre professionnel) ce qui m’a inspiré cette réflexion à chaud.
C’est une initiative de la région lyonnaise qui se veut « comme le seul rendez vous national annuel des collectivités territoriales centré sur l’utilisation des technologies pour le développement des territoires« .
Intention louable et opportune qui en est à sa 4° année de réalisation.
Le public est composé de gens gens divers et variés (élus, commerciaux, porteurs de projets), mais par contre on ne peut que constater une carence dans la présence des acteurs de l’accès public, et pourtant…
Et pourtant c’est l’outil « magique » qui prédomine dans les propos. Sans nier la nécessaire question de l’équipement des collectivités et des territoires, il n’est pas souhaitable de la mettre en opposition avec les enjeux citoyens et démocratiques liés au développement des usages.C’est sur dernier point que j’aimerai attirer l’attention.
J’ai assisté à une rencontre autour de la e-démocratie qui me parait être significative en ce sens.
Dans un premier temps, les intervenants ont présentés différents outils de « e-démocratie » (assez surprenant) permettant en fait, de moderniser les services et d’optimiser la relation avec la population (portail, forum, mail, sms, administration…)
Dans l’évolution du débat, la e-démocratie a été abordée ensuite comme « un outil au service » des élus, et ce, dans une logique d’aide à la décision et d’évaluation de projets. Sans nier la nécessiter de telle la démarche, il est quand même regrettable de limiter la notion de e-démocratie à celle d’une e-administration efficace et génératrice d’économies financières.
« Pour que l’on puisse parler de e-démocratie, il faut qu’il y ait déjà de la démocratie ! » a lancé un des participants impatient. Tout à fait d’accord monsieur, ce n’est pas l’outil qui rend la démocratie participative et accessible au plus grand nombre, c’est un projet politique porteur de valeurs…
En effet, si l’on commence à pouvoir imaginer et expérimenter la plus value et l’apport (réels et potentiels) des TIC dans le fonctionnement des collectivités et de leurs territoires, la question qui reste un peu plus obscure c’est celle de la plus value ou de l’influence des TIC dans l’exercice du pouvoir local (ou plus haut).
Il est vrai que les outils permettent de mettre rapidement à dispositions des documents légalement exigibles auprès des collectivités pur permettre aux citoyens (équipés et formés aux tic) d’exercer leur droit de regard sur la gestion de l’argent public.
Mais peut-on résumer la notion de démocratie à une transparence virtuelle soutenue par des services spécialisés dans la démocratie de proximité. Ce schéma quelque peu caricatural en terme de e-démocratie peut rester valable pour les collectivités d’une certaine taille, mais quelles déclinaisons pour les petites collectivités et rurales de surcroît.
L’on voit bien que ce « modèle » trouve rapidement ses limites et qu’il convient de faire interroger l’exercice des pouvoirs en place dans les différentes collectivités par le développement citoyen des usages sociaux des TIC.
C’est bien d’un enjeu de société dont qu’il est question : les TIC peuvent-elles « massivement » permettre d’associer et de rendre acteurs tous les citoyens dans les décisions qui les concernent ?
Formuler ainsi ce n’est plus de l’exercice des pouvoirs dont il question mais du « Pouvoir » tout court avec toutes ses déclinaisons (personnel, collectif) et son lot de résistances aux changements !
A mon sens, les usages sociaux ne doivent pas être édictés par un pouvoir en place cherchant à préserver ses intérêts politiciens, mais ils doivent directement être issus d’une appropriation massive, inspirée et libre de tous les outils modernes.
L’accompagnement des populations est nécessaire pour permettre cette appropriation citoyenne des TIC et de leurs potentiels. Il doit rester une priorité permanente, ce qui constitue alors une sacrée responsabilité notamment pour toutes les structures et réseaux de l’accès public, pour les années qui arrivent…
A ce dernier sujet je vous invite à lire l’excellent billet (oui c’est mon avis) de mon collègue Jacques Houdremont :
C’est parce que les Tic sont potentiellement liberticides qu’il faut qu’elles soient accessibles et maîtrisées par le plus grand nombre
J’ai tout dit, Ã vous maintenant !